L’article de l’Equipe de début avril 2020 sur Clémentine Sarlat a été un détonateur.
L’enquête du cabinet Interstys menée auprès de 117 salariés du service a été rendu public ce jour à la commission égalité femmes- hommes, puis au service des sports et ensuite aux élus du CSE.
Voici un petit florilège des propos que certains hommes ont pu tenir au service des sports ces dernières années :
« La passion du sport est une affaire d’hommes ! »
« On sait bien que tu es là parce que tu es mignonne et pas pour ton cerveau ! »
« Dis-donc, elle, avec son physique, je la baiserais bien… »
Alors pour certaines femmes, si elles veulent s’intégrer et rester, deux solutions s’offrent à elles : cautionner et se taire ou réagir et être catégorisée de féministe de bas étage. Sans compter, qu’aucune mansuétude n’est faite à leur égard. Avoir des compétences ne suffit pas, même si elles peuvent être excellentes dans leur domaine, il faut subir l’humiliation du sexisme ordinaire.
Mais dans quelle époque vit-on ?
Est-on encore au temps de l’ORTF où la misogynie était monnaie courante sur les plateaux télé et en coulisses ?
Pour preuve, ce documentaire de 1976 sur la télévision « Maso et Mison vont en bateau » de CAROLE ROUSSOPOULOS – IOANA WIEDER – DELPHINE SEYRIG – NADJA RINGART https://base.centre-simone-de-beauvoir.com/DIAZ-510-148-0-0.html
Non ! Nous sommes en 2020, un temps où tout est encore permis. Il est permis d’avoir des agissements à connotation sexiste, de discriminer les femmes dans leur carrière parce que ce sont des femmes, il est permis de les harceler moralement et sexuellement.
Que de temps passé et perdu à tenir maintes et maintes commissions égalité FEMMES HOMMES, des CE puis des CSE pour entendre la direction dire qu’elle est volontariste pour aider les femmes. Et ensuite ?!
Volontariste… oui…surtout pour laisser faire certains directeurs ce qui leur plaisait. Cette culture masculine, voire machiste d’un entre soi qui se permet tout, sans limite, a été possible durant trop de temps. Un management non formé et défaillant, certes… Un terreau machiste qui s’entretient jour après jour par des blagues ou des comportements non sanctionnés ; sans parler de certains commentateurs sportifs comme Candeloro et ses propos sexistes tenus durant les JO de 2014, sans aucune sanction à l’époque.
Trop de temps perdu ! Trop de temps gaspillé ! Imaginez si durant tout ce temps, les femmes avaient pu accéder à des postes intéressants, à déployer leurs compétences dans leurs métiers… nous n’en serions pas là à employer notre temps à devoir encore nous battre pour défendre les droits légitimes des femmes.
Certes, la direction des sports et les RH ont diligenté une enquête et garantissent de mener un plan d’actions dès à présent pour former, prévenir et sanctionner le cas échéant. Certes…oui il faut agir très vite, car le temps perdu ne se rattrape plus. Oui, ce temps perdu…cette énergie dépenser à se défendre ou à encaisser.
Les femmes ne veulent plus être des victimes. Ce temps-là est derrière nous.
Les femmes n’ont pas à avoir honte, ni de leur physique, de leurs compétences, de leur carrière, de leur caractère, de leur âge ou de leur CV.
Les femmes assument et sont fières de qui elles sont.
LA HONTE DOIT CHANGER DE CAMP.
La honte doit être dans le camp de ceux qui entachent le service public.
France Télévisions est une belle entreprise et ne doit pas souffrir de ceux qui ternissent son image. Ce temps est révolu. France Télévisions a un devoir d’exemplarité et doit protéger les femmes qui y travaillent.
Donc ce travail de fond et d’exemplarité doit se faire dans toute l’entreprise, dans tous les secteurs, et une politique RH d’ampleur doit se déployer pour offrir aux femmes la possibilité d’avoir des carrières positives et non entachées par le sexisme.
Paris, le 25 juin 2020