Les scriptes : héroïnes invisibles de la République Télévisuelle

Les scriptes : héroïnes invisibles de la République Télévisuelle

Dans la grande république de France Télévisions, il est un peuple valeureux, discret, organisé à la seconde près, doté d’une patience légendaire et d’une mémoire d’éléphant : les scriptes.

On ne les voit pas, ou peu. Et pourtant, sans elles, une émission de flux ressemblerait à un dîner de famille sans la tante Josette qui note les plats de chacun et qui a raconté trois fois la même blague.

Car oui, la scripte, c’est la vigie de la prod, la gardienne du temps, l’archiviste des mots et des images, la prêtresse du conducteur, la mémoire du direct. Et pourtant…

Aujourd’hui, à France Télévisions, la scripte est devenue une espèce en voie de disparition, comme les cabines téléphoniques ou les productions équitables.

Pourquoi ? Parce que dans le grand marché de la rationalisation des coûts, on a décidé qu’un bon tableau Excel pouvait remplacer 20 ans d’expérience. Que faire appel à une scripte maison, compétente et investie, c’est moins rentable qu’une scripte extérieure.

Pire encore : les jours de vacances s’enchaînent. Des scriptes qualifiées, disponibles, formées, se retrouvent sans vacation, sans visibilité, et avec l’étrange sensation d’être devenues transparentes. Mais attention, pas « transparente » comme dans « super discrète et efficace ». Non, transparente comme dans « effacée des plannings », « oubliée des décisions », « remplacée sans préavis ».

Pour être tout à fait clair, la situation est la suivante : une co-production en interne inclus dans la valorisation de la co-production extérieure, le poste de scripte qu’elle fournit avec le réalisateur. C’est donc ces emplois qu’on marchande à l’encan, remettant au frigo les scriptes de France TV qui n’ont pas trouvé preneur.

Il convient donc maintenant à l’employeur, qui sous-emploie volontairement ses salariées, d’expliquer la logique ainsi que la légalité de cette pratique.

Paris, le 10 juillet 2025